Valoriser la production de logiciels scientifiques issus des laboratoires publics à destination d’industriels intéressés, non plus via des contrats de licence mais sous forme de services web sur-mesure : telle est l’originalité de l’approche développée par SKALES, start-up d’IncubAlliance créée en janvier 2018. Une ambition qui ne manque pas de séduire comme en témoigne la toute récente signature d’un premier contrat entre la jeune pousse et Dynfluid, un laboratoire de mécanique des fluides des Arts et Métiers de Paris. Retour la naissance et le développement de cette start-up avec Ewen Maréchal, son fondateur.
Comment est née SKALES ?
La naissance de SKALES est intimement liée à mon parcours personnel. Tout a commencé à la fin de ma thèse de doctorat, effectuée en 2015-16 au sein de Safran Aircraft Engines sur une problématique de mécanique des fluides. Dans le cadre de mes travaux de recherche, j’ai développé un algorithme pour simuler le givrage survenant dans les systèmes carburant des turboréacteurs et j’ai très vite pu constater, une fois mes travaux achevés, que mon code risquait de finir dans des cartons, faute d’adaptation à destination d’utilisateurs industriels. Une destinée qui me semblait être un gâchis compte-tenu du temps et des moyens investis dans le développement de cet outil. J’ai donc commencé à m’interroger sur cette problématique de la valorisation des logiciels scientifiques en produits commercialisables et utilisables par des industriels. C’est ainsi qu’est née l’idée à l’origine de SKALES.
Que proposez-vous concrètement ?
Notre démarche consiste à identifier dans les laboratoires de recherche des algorithmes à des stades de maturation scientifique avancés pouvant susciter un intérêt industriel. Nous proposons alors aux laboratoires de valoriser leurs développements afin de les rendre utilisables par des ingénieurs de bureaux d’études par exemple, non pas via la signature d’un contrat d’exploitation comme cela se fait en général, mais sous la forme de services web sur-mesure. Concrètement, nous leur proposons la mise en place d’une plateforme d’applications industrielles en ligne pour valoriser leurs travaux de recherche.
Une offre qui semble séduire comme en témoigne la signature de votre 1er contrat…
Nous venons effectivement de signer notre premier contrat avec le laboratoire Dynfluid des Arts et Métiers de Paris avec lequel nous collaborons depuis plusieurs mois autour de problématiques relatives à la conception de turbomachines. Se limitant jusque-là aux modes de valorisation traditionnels, ce laboratoire souhaite aujourd’hui aller plus loin et rendre ses logiciels exploitables via une approche web. C’est à ce titre que nous intervenons : pour développer une suite d’outils logiciels dans le domaine des turbomachines.
Quelles sont vos perspectives pour 2019 ?
Dans le cadre de ce contrat, nous nous donnons trois mois pour lancer notre premier produit. Si nous pouvons envisager un temps de développement si court c’est parce que nous n’avons plus à ce jour qu’à nous consacrer à la partie métier de ce développement. Depuis janvier 2018, notre stratégie a en effet consisté à travailler au développement de tout ce qui pouvait être « factorisé » dans notre solution : nous avons donc déjà bien avancé sur le développement de la partie plateforme qui, à terme, sera la même pour tous nos clients. Nous pensons d’ailleurs rendre accessible le code de cette dernière d’ici la fin de l’année. Et dans l’intervalle, nous avons bon espoir, compte-tenu des différentes demandes qui nous ont été adressées, de signer d’autres contrats !
Quel a été l’apport d’IncubAlliance dans votre parcours ?
Quand on décide de monter une entreprise, alors que l’on est un jeune docteur de moins de 30 ans, le moins que l’on puisse dire c’est que l’on ne part pas avec le meilleur profil pour convaincre les investisseurs et les éventuels partenaires de prendre des risques à nos côtés ! Le premier apport d’IncubAlliance a donc été de crédibiliser mon projet. Autre atout non négligeable : le fait de pouvoir bénéficier de la vision stratégique portée par les différents conseillers d’IncubAlliance, que ce soit pendant le Genesis Lab ou par la suite une fois entré en incubation. D’un point de vue pratique enfin, le fait de pouvoir disposer de bureaux dans les locaux de l’incubateur et d’accéder aux très nombreux acteurs du réseau du cluster Paris-Saclay m’a permis de gagner un temps précieux. C’est ainsi en partie grâce à l’aide d’IncubAlliance que j’ai pu remporter la Bourse French Tech et embaucher mon premier salarié !